vendredi 25 janvier 2013

RSE sans matérialité ? Sérieusement, c'est encore possible ?

Depuis la sortie de la norme ISO 26000, la RSE se professionnalise. 
Nous passons rapidement "d'engagements développement durable" convenus, copiés les uns sur les autres à un "reporting RSE" dont les figures imposées -mais spécifiques- sont désormais : normes, standards, vérifications, certification, périmètre, intégration et matérialité.

Tant mieux ! Laissons loin derrière nous les incantations, les visions éthérées et les poncifs pénibles qui ont laissé croire que l'entreprise pourrait se détourner de la recherche vitale de profit pour devenir des bisounoursland dans lesquels l'homme serait enfin au centre. Au centre d'on ne sait quoi, d'autant plus qu'on ne saurait dire exactement où il était avant ? 
Franchement, c'était beau. On y a tous cru un moment non ?

Matériali…quoi ?
Oui, en général c'est la réponse que vous recevez quand vous lâchez ce mot en réunion.
J'en vois déjà un ou deux dont le visage se fend d'un demi-sourire en me voyant prendre la parole sur ce sujet.
Ils doivent se souvenir que, il y a encore quelques semaines, je demandais en mode panique à qui voulait bien me répondre ce qu'était l'analyse, ou pire, la matrice de matérialité dans une démarche RSE…
S'ils me voyaient maintenant faire le malin en réunion, le sourcil gauche relevé de celui-qui-sait-et-qui-veut-bien-vous-dire-parceque-c'est-vous, stylo en main, graphique négligemment lâché sur un bloc-note, que personne ne relira jamais, secrètement heureux de constater que son explication a eu autant d'effet pédagogique sur son auditoire que celle d'un Godard faisant le pitch de son dernier film sur France Culture un soir de grève de l'ORTF.
Mais ça c'était avant.
Avant que j'aie à l'expliquer aux étudiants de l'USQV
Mais c'est une autre histoire.

Vous échappez au bloc note, mais j'ai un graphique sous la souris
La matérialité c'est le réalisme, la cohérence, de la démarche RSE d'une organisation.
C'est la mesure la plus précise possible de la pression sur le business qu'applique une partie prenante, donc du besoin ou pas que l'organisation a de tenir compte de cette pression.
Autant dire qu'il faut déjà connaître ses parties prenantes (via une cartographie) mais aussi jauger de l'influence, donc du risque, que chacune fait courir à l'activité (car il s'agit bien de ça non ?) et définir logiquement la démarche RSE, donc stratégique, de l'entreprise en fonction de ces informations.

En plus simple. Si on construit des voitures, on a un arsenal de réponses face aux problèmes de pollution au diesel, de sécurité routière, de possession vs usage et que sais-je encore. Mais le bio à la cantine, le papier recto-verso du copieur du service com et la page intranet sur le co-voiturage que personne ne consulte jamais, ne font et ne feront jamais office de stratégie d'entreprise ayant intégré les signaux forts liés à son activité automobile.

Je peux faire la même sur l'alimentaire, l'énergie, l'informatique et la fabrication de bilboquets.
Non ? 
Pourtant le bilboquet, ça gagne à être connu.

Encore trop peu de matérialité dans ce monde de douceur…
Le constat s'impose : peu d'organisations ont publié sur la matérialité. Une recherche sur le web renvoie à Total, Sanofi, SFR, Orange. Avec des approches assez différentes.

Admettons que c'est encore nouveau, tendanciel. 
Admettons aussi qu'on arrivait tout juste à comprendre l'immatérialité de l'entreprise et que maintenant, c'est le tour de ma matérialité !
Admettons…
Mais rater le coche en 2013 sera une erreur.
Et c'est assurément une compétence à maîtriser rapidement par les prestataires RSE qui ont en charge le reporting de leurs clients. Ils devront non seulement maîtriser le sujet ( le sourcil gauche restant une option) mais aussi pousser leurs clients à réaliser l'analyse de matérialité. 
Du bon travail en perspective. Qui osera encore parler de crise ?… 

Car au final, ce qu'il ne faudra plus voir, c'est ça ! 
Faut-il ajouter des commentaires à cet affligeant exercice de "journalisme" ?
Si la réponse est oui, il y a des cases pour ça en bas !

Merci Marion !
Quand on est un gentil garçon poli comme moi, on mouche son nez et on dit merci à la dame.
La dame en l'occurrence, c'est Marion Dupont qui me fait l'honneur de suivre ce blog et qui a produit une très bonne analyse de tendance sur le reporting RSE.

Je vous invite à lire ce billet autrement plus instructif que les incantations gouroutesques de ceux qui veulent faire subir aux Mayas les derniers outrages à la Gaité Lyrique un soir de décembre. Persistant dans leur posture religieuse à cantonner la RSE dans le seul registre du bien ou du bon avec une facilité à manipuler les foules qui me fait froid dans le dos autant qu'elle m'énerve.
Ça, c'est fait. Il me reste quoi…

Ah oui, bonne année 2013 !

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Mise à jour : 14 février 2013
Un très bon billet, exhaustif et clair, de la part de Maël Delemotte sur son blog Stratégies RSE
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