dimanche 23 septembre 2012

OGM, un scandale… de communication

Une étude sur une possible toxicité des OGM fait grand bruit ces temps-ci. 
Et comme toujours dans de pareils cas, l'émotion s'affiche en grand et les décisions hâtives sont promptement dégainées.
Pourtant, à mieux y regarder, nous sommes bien dans des mécaniques de communication utilisant des ficelles bien visibles.
Pour ne pas céder au prêt-à-penser et aux réactions à chaud, quelques remarques d'un non-scientifique, mais qui je l'espère, vous aideront à aborder cette affaire avec le recul nécessaire.

Le principe de précaution

Les OGM en France et en Europe sont soumises au sacrosaint principe de précaution. Invention récente mais terriblement efficace quand il s'agit de bloquer l'innovation. Donc le progrès.
Bref, parmi l'arsenal prévu dans ce principe, la conduite de tombereaux d'études régulières pour mesurer les divers impacts. Mais surtout, le financement public de ces études. Pratique dettogène certes, mais supposée garantir l'impartialité de celles-ci.
Or, à date, aucune étude n'a démontré de toxicité des OGM. Pire, aucun résultat n'a été utilisé en support de décisions politiques, qu'elles soient européennes ou nationales. Tant il est préférable de suivre l'électeur plutôt que le scientifique… question de clientèle.

Or, que constate-t-on dans le financement de l'étude de Gilles-Eric Séralini ?… je vous laisse le découvrir.

Un coupable idéal

Monsanto ! L'alpha et l'oméga de l'entreprise détestable. Indéfendable. Méprisable. Coupable a priori et a posteriori.
Que n'a-t-on lu, vu, entendu sur cette multinationale américaine ? 
Du vrai bien-sûr, mais aussi du faux. De la rumeur, de l'amalgame, du hoax pour parler un bon français…  
Qui se risquerait à prendre "la défense" de Monsanto ?
Je ne prétends pas décerner un certificat de fréquentabilité de cette multinationale. Je dis juste que tirer sur cette ambulance (qui va bien merci), c'est intellectuellement pratique et mécaniquement efficace pour faire passer rapidement un message. 

Tiens ! Un livre à vendre…

L'article du Nouvel Obs, premier à ouvrir le feu, précise «En 2006, c’est comme un véritable thriller que commence cette recherche, dont le maître d’œuvre, Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine ("Tous cobayes !", Flammarion, en librairie le 26 septembre)».
Quel heureux hasard de calendrier ! On en vient à regretter que les centaines de scientifiques obscurs, payés par les maigres deniers du contribuable n'aient pas plus que ça la fibre littéraire. Le débat y gagnerait.

En tout cas, si je devais vendre du papier -OGM ou pas-, c'est à dire un magazine ou un bouquin, je sais quel titre j'afficherais et quel calendrier je suivrais.
Visiblement je ne suis pas le seul dans ce cas…

Les politiciens, décideurs précoces par nature

C'est la conséquence de cette agitation qui me crispe le plus. 
Déjà les politiciens de tous bords ont fait ce qu'ils font de mieux, ou de pire : l'hyper-réactivité qui va dans le sens du poil de l'émotion populaire.
Déjà des lois s'écrivent dans l'ombre, déjà on ourdit l'interdiction, déjà on prépare l'affichage obligatoire… je sens même qu'une annexe à la conférence environnementale (ne parlez pas de Grenelle, c'est pas pareil et c'est peut-être un gros mot) est en gestation.
Cette posture, plus que classique, risque de bloquer, une fois de plus, la tenue du débat que les OGM méritent. Et indirectement sur une des options permettant de nourrir 10 milliards d'humains.

On peut, et on doit, le regretter. Car quelque fois, la communication, si bien orchestrée fût-elle, doit savoir se donner du temps et céder la place aux experts et à l'établissement de la vérité.
Uniquement la vérité.


Pour aider à vous forger une opinion, je vous invite à prendre 15 minutes pour écouter cet excellent débat tenu le 20 février dernier sur Europe1.
Des chiffres, des faits, des scientifiques peu enclin à à la starification et étrangers à la langue de bois.
Passionnant.
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Mise à jour du 24 septembre : 
Libération publie un article plutôt intéressant qui va dans le sens de ce billet.
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